Univers des camps
Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes
Il exista dans le Reich hitlérien, mais aussi dans les pays occupés par les nazis et dans les pays satellisés (comme la France non-occupée de Pétain) des types divers de lieux de détention pouvant être désignés comme des « camps de concentration ». Il faut bien sûr mettre à part les camps de prisonniers de guerre (Stalags et Oflags) dans lesquels sont internés les militaires des pays signataires des Conventions de Genève (camps sous la protection du Comité international de la Croix-Rouge). Il faut aussi distinguer, même si les conditions de vie y sont parfois aussi pénibles que dans les camps de concentration, les prisons et forteresses où sont également déportés des résistants français; elles sont contrôlées par les ministères de la Justice ou de l’Intérieur du Reich ou administrées par l’armée régulière (Wehrmacht) : apparemment du moins, n’y règne pas l’arbitraire… Lorsque l’on traite des « camps de concentration », on envisage d’abord les camps du système concentrationnaire proprement dit, ceux qui furent organisés sur le modèle de Dachau, ouvert dès 1933. Mais il existe de nombreux autres types de camps ou règnent l’arbitraire et la terreur : camps spéciaux de la SS, camps de la Wehrmacht où furent assassinés les prisonniers de guerre soviétiques, camps de travail où étaient parqués les travailleurs de l’Est (Ostarbeiter)… : il s’agit de camps qui, à la différence des camps du système concentrationnaire, sont nés avec la guerre. Et, bien sûr, nettement distincts, il y a les camps et lieux de massacre où fut perpétré un crime tellement inouï qu’il a fallu inventer un terme pour le désigner, celui de génocide, génocide des juifs et génocide des tziganes. Il y a les ghettos fermés, comme celui de Varsovie… Et ce que l’on nomme parfois Vernichtungslager (camps d’extermination). En vérité, il s’agit plutôt de centres de mise à mort (ou centres d’extermination) dans lesquels les victimes, sauf exception, ne séjournaient pas puisqu’elles étaient assassinées dès leur arrivée : Sobibor, Treblinka, Birkenau, centre de mise à mort annexé au camp de concentration d’Auschwitz… Il est à noter d’ailleurs que ces centres de mise à mort ne firent que « rationaliser » dans des installations ad hoc (chambres à gaz) les massacres de juifs, désignés parfois comme le « génocide par balles », perpétrés par fusillade, en rase campagne, par des unités spécialisées (Einsatzgruppen). Un univers de camps stricto sensu et de lieux de mise à mort dont on peut souligner la diversité, mais dans lesquels trouve son aboutissement une même idéologie perverse fondée sur le racisme, sur la négation des valeurs démocratiques et déniant à l’homme ses droits les plus élémentaires.
UN UNIVERS DE CAMPS