Historique
Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes
La FNDIRP est une association loi 1901 fondée en octobre 1945 par le colonel F.H. Manhès déporté à Buchenwald, et Marcel Paul déporté à Auschwitz et Buchenwald. Elle plonge ses racines dans les crimes sans précédent du nazisme et porte l’héritage des déportés qui ont fait le serment, sur les lieux de leur souffrance, de témoigner au nom de tous ceux qui ne reviendraient pas. La FNDIRP a aidé au rapatriement et aux soins médicaux des déportés. Huit mille dentistes dont trois mille à Paris sont mobilisés. C’est ensuite au dispensaire de la rue Leroux, siège de la FNDIRP, que sont accueillis les rescapés des camps. L’équipe médicale composée d’anciens déportés s’avère plus compétente pour soigner les pathologies liées à la déportation. La FNDIRP s’est portée partie civile dans les trois grands procès pour crime contre l’humanité instruits en France, ceux de Klaus Barbie, Paul Touvier et Maurice Papon... Le centre Jean Moulin, créé par la FNDIRP, est inauguré en 1948. Il est installé dans le château de Fleury-Mérogis et ses dépendances, sur un parc de 18 hectares, cédé par la marquise Aliette de Maillé à la FNDIRP en 1947. Sous la direction du Dr Fichez, ce centre a pour objectif de permettre aux déportés de se réinsérer dans la société, de défendre leurs droits et de se reconstruire une nouvelle vie après le traumatisme psychologique et physique des camps nazis. Le château abrite les services médicaux et le logement des pensionnaires. Les ateliers et salles de classe sont créés dans les dépendances pour proposer une formation professionnelle variée. Au fil du temps, le centre s’élargit aux pathologies pulmonaires et cardiaques, puis aux accidentés de la route. La clinique Frédéric-Henri Manhès est située dans la propriété de Fleury Mérogis. Elle est inaugurée le 30 octobre 1965 dans le cadre du 20ème anniversaire de la libération des camps, et prend le nom du co-président fondateur de la Fédération, décédé en 1959. La spécificité de cette clinique provient des travaux de l’équipe du Docteur Louis François Fichez, membre du bureau national de la FNDIRP, qui rappelle que la longévité moyenne des déportés est de dix ans inférieure à celle du reste de la population, sa mission initiale était d’accueillir des personnes souffrant des traumatismes psychiques et physiques liés à la déportation. La FNDIRP entend permettre « aux survivants de survivre », et présente la clinique comme le Centre national de santé des DIF (Déportés, Internés et Famille). La maison de retraite Marcel Paul , construite aussi sur la propriété de Fleury-Mérogis dans la continuitée de l’esprit d’entraide et de solidarité, est inaugurée le 10 avril 1985, pour le 40ème anniversaire de la libération des camps, et porte le nom du co-président fondateur de la Fédération, décédé en 1982. Elle accueille des personnes seules ou des couples, autonomes ou en perte d’autonomie, pour bénéficier de l’aide médicale et sociale dont ils ont besoin. La maison de retraite dispose de 80 lits, 4 salons avec télévision, une salle d’animation, une salle de restauration, une pharmacie, un salon de coiffure et une salle de kinésithérapie. La propriété de la FNDIRP à Fleury Mérogis réunit ainsi dans un même lieu, trois établissements qui témoignent de l’action médico-sociale de la Fédération, et qui portent les noms de trois personnalités de la résistance et de la déportation : Jean Moulin, Frédéric-Henri Manhès et Marcel Paul. Frédéric-Henri Manhès , né le 9 juin 1889 à Etampes (Seine et Oise). Il est mobilisé en août 1914 comme sergent du 160ème régiment d’infanterie. Il se porte volontaire pour le front à deux reprises et subit deux blessures par balles et une par grenade. Il devient commandant de compagnie avec le grade de lieutenant pour ses actes lors de la première guerre mondiale. En 1936, il devient membre du cabinet de Pierre Cot au ministère de l’Air du gouvernement de Front Populaire, où il fait la connaissance de Jean Moulin, directeur du cabinet civil. En 1941, il aide à obtenir un faux passeport pour Jean Moulin auprès de la sous-préfecture de Grasse. Il rejoint à son tour la résistance en avril 1941 et s’engage dans les Forces Françaises Libres sous le nom de Frédéric Monceau. Entre 1942 et 1943, il est le représentant de Jean Moulin en zone nord et prend contact avec “Ceux de la Résistance”. Henri Manhès est arrêté par la gestapo le 3 mars 1943 à Paris. Il est emprisonné, interrogé, puis interné au camp de transit du Frontstalag 122 de Royallieu- Compiègne. Il est déporté le 22 janvier 1944 au camp de concentration de Buchenwald sous le matricule 42040. Il dirige avec Marcel Paul le comité des intérêts français dans le camp et en devient le président. En octobre 1945, il créé avec Marcel Paul la Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes. Lorsque Marcel Paul est nommé ministre de la production industrielle le 21 novembre 1945, Henri Manhès entre à son cabinet. Il est nommé Compagnon de la Libération par décret du 19 octobre 1945. Frédéric-Henri Manhès décède le 25 juin 1959 à Nice. Marcel Paul , né le 12 juillet 1900 à Paris, est mobilisé dans la marine lors de la première guerre mondiale. En 1923, il adhère au Parti Communiste et il est élu aux élections municipales de 1935 dans le XIVe arrondissement de Paris. Il occupe ensuite le poste de secrétaire général de la Fédération réunifiée de l’éclairage. Proche de Maurice Thorez il est présenté par le PCF aux élections municipales de 1935 dans le 14ème arrondissement de Paris où il est élu. Mobilisé en 1939 dans l’infanterie, il est fait prisonnier, s’évade et rejoint la Bretagne, puis Paris. Investi dans la résistance, il est dénoncé et arrêté le 13 novembre 1941. Transféré à la prison de la Santé en 1943, il est jugé en février 1943 et condamné à quatre ans de prison. Livré en février 1944 aux Allemands, il est déporté par le convoi dit “des Tatoués”, le 27 avril 1944 à Auschwitz où le matricule 186187 lui est tatoué sur le bras. Il est transféré le 14 mai à Buchenwald où il reçoit le matricule 53057. Il devient, dans le camp, l’un des chefs de la résistance clandestine au sein du comité des intérêts français. Au retour des camps nazis, il entre au comité central du PCF en juin 1945 et devient Ministre de la Production Industrielle le 21 novembre 1945 dans le gouvernement du Général de Gaulle. Il fait adopter dès le 2 décembre, la nationalisation de la Banque de France et des organismes de crédit et fera voter le 8 avril 1946, la nationalisation de l’énergie. Il organise la création d’EDF-GDF. En 1945, il fonde, avec le colonel Frédéric-Henri Manhès, la FNDIRP, dont il sera Président jusqu’à sa mort.