Témoignage
Fédération Nationale des Déportés et Internés, Résistants et Patriotes
Figure
de
la
Résistance
et
de
la
Déportation,
Marie-Claude
Vaillant-Couturier,
née
Vogel
(1912
-
1996),
témoigne
le
28
janvier 1946 devant le tribunal international de Nuremberg qui juge les criminels nazis.
Qui est-elle ?
Jeune
reporter-photographe,
Marie-Claude
Vogel
est
envoyée
en
1934
par
son
journal
«
Vu
»
en
Allemagne
nazie
ou
elle réalise des clichés des premiers camps de concentration à Dachau et Oranienburg, qui seront publiés.
Epouse
de
Paul
Vaillant-Couturier,
élu
communiste,
rédacteur
en
chef
de
L’Humanité,
elle
est
embauchée
en
tant
que
reporter-photographe
à
L’Humanité
après
le
décès
de
son
mari
en
1937.
Elle
codirige
le
mouvement
des
Jeunes
filles
de France (avec Danielle Casanova).
Sous
l‘occupation,
elle
participe
à
la
réalisation
de
publications
clandestines
:
L’Université
Libre
(premier
numéro
en
novembre
1940),
L’Humanité,
ou
elle
rencontre
Pierre
Villon
(qu’elle
épousera
en
1949).
Elle
assure
la
liaison
entre
Résistance
civile
(Comité
des
intellectuels
du
Front
national)
et
militaire
(Organisation
Spéciale,
plus
tard
Francs-
Tireurs
et
Partisans
français,
FTPF)
et
transporte
des
explosifs.
Arrêtée
par
la
police
de
Vichy
le
9
février
1942,
avec
plusieurs
de
ses
compagnons
(Jacques
Decour,
Georges
Politzer,
Jacques
Solomon,
Arthur
Dallidet),
elle
est
placée
au secret à la Santé puis transférée au fort de Romainville.
Déportée
le
24
janvier
1943
par
un
des
rares
convois
de
résistantes
vers
Auschwitz
(qu’a
décrit
Charlotte
Delbo
dans
plusieurs
de
ses
œuvres),
elle
y
est
le
témoin
du
génocide
des
juifs.
Elle
est
transférée
au
camp
de
Ravensbrück
au
mois
d’août
1944,
affectée
à
des
travaux
de
terrassement
puis,
en
raison
de
sa
connaissance
de
la
langue
allemande,
au
Revier
(«
infirmerie
»
du
camp).
Ravensbrück
est
libéré
le
30
avril
1945,
elle
ne
revient
cependant
en
France
que
le 25 juin car elle reste sur place pour soigner les rescapés.
Témoin
oculaire
du
génocide,
elle
rapporte
ces
faits
devant
le
tribunal
de
Nuremberg
:
«
J’ai
eu
la
chance
miraculeuse
de
sortir
d’Auschwitz
et
de
Ravensbrück
et
de
me
trouver
à
Nuremberg
en
face
de
Goering
et
des
autres
hauts
dignitaires
nazis
»,
déclarait-elle
pour
le
40e
anniversaire
du
verdict
de
Nuremberg.
«
Vous
pouvez
imaginer
que
j’éprouvais
un
sentiment
extraordinaire.
Je
pensais
en
les
regardant
:
Regardez-moi
car,
à
travers
mes
yeux
ce
sont
des
centaines
de
milliers
d’yeux
qui
vous
regardent,
par
ma
voix
ce
sont
des
centaines
de
milliers
de
voix
qui
vous
accusent. »
Membre
de
l’Assemblée
consultative
provisoire
(1945)
et
des
deux
Assemblées
constituantes,
elle
est
élue
députée
de
la
Seine
de
1946
a
1958.
En
1956,
elle
devient
vice-présidente
de
l’Assemblée
nationale,
poste
qu’elle
occupe
jusqu’en
1958.
Elle
siège
ensuite,
dans
cette
même
Assemblée,
comme
élue
du
Val-de-Marne
jusqu’en
1973.
Vice-
présidente de l’Union des femmes françaises (1979), elle est membre du comité central du PCF jusqu’en 1985.
Elle se consacre également à la transmission de la mémoire de la déportation.
Membre
du
comité
national
de
la
FNDIRP
depuis
sa
création,
elle
est
vice-présidente
puis
présidente
de
la
Fédération
de
1978
jusqu’a
son
décès.
En
1987,
elle
est
appelée
par
toutes
les
parties
civiles
à
témoigner
contre
Klaus
Barbie,
ancien chef de la Gestapo de Lyon, jugé et condamné pour crimes contre l’humanité.
Elle
est
désignée
à
l’unanimité
première
présidente
de
la
Fondation
pour
la
mémoire
de
la
Déportation,
puis
présidente d’honneur.
TÉMOIGNAGE DE MARIE-CLAUDE VAILLANT-COUTURIER
A NUREMBERG